Histoire d’Evaux-les-Bains

En se promenant à travers les rues et ruelles du centre-bourg, notre regard est rapidement happé par la grande richesse architecturale et patrimoniale des constructions. Vieilles pierre, murs à pans de bois, façades colorées et ornées… témoignent tour à tour d’un riche passé façonné par la découverte des sources chaudes à l’époque gallo-romaine, par le sacré au Moyen-Âge et le développement de l’activité thermale au XIXème siècle. 

Selon toute vraisemblance même si aucune trace matérielle n’atteste d’une installation, il faut remettre la découverte des eaux chaudes aux Gaulois, qui donnèrent le nom primitif Évahon à la ville, du nom de la divinité gauloise des eaux « Evaos » ou « Ivaos ».

La construction des premiers thermes qui marquera le début de l’exploitation des sources chaudes, arrive aux alentours de l’an 40 avant Jésus-Christ, lorsque deux légions de Jules César installent un camp militaire sur le site. 

Un établissement thermal assez important était construit, à l’emplacement même des thermes actuels. Il était alimenté par une quarantaine de sources. Formé d’un quadrilatère de cinquante mètres de côté, il comportait une cour centrale, 4 piscines rectangulaires, une piscine circulaire et des baignoires. Son décor se composait de placages de porphyre, marbre et serpentine sur les murs, de mosaïques sur les voûtes.

La situation des sources chaudes en fond de vallons, rend peu favorable une implantation urbaine de proximité qui serait vulnérable aux attaques. Le vicus (l’espace habité) gallo-romain d’Evaux est donc construit sur le plateau (certainement sous l’emplacement actuelle de la ville) surplombant les sources.

Afin de relier aisément l’établissement et la cité, est aménagé une vaste galerie couverte-via strica, large de 6m70 et qui tous les 100 m s’élargissait pour former des petits édicules (espaces de repos). Partant de l’emplacement de l’actuelle église, elle permettait de rejoindre aisément, aussi bien à pied qu’en char tracté par des animaux (ce qui était nécessaire notamment pour les personnes invalides) l’entrée des thermes en contre-bas. Cette aménagement d’envergure, rare en Gaule, témoigne de l’importance de l’établissement thermal et de la cité qui jouait alors la fonction de carrefour routier avec tous les échanges que cela peut impliquer. Totalement détruits par un incendie vers la fin du IIIème siècle, il ne reste que de traces aujourd’hui, un morceau de mur dans la descente des bains. La ville prend à cette époque le nom d’Ivaonum (Ce nom est connu par une gravure inscrite, par un légionnaire romain, sur le manche d’une patère en bronze découverte vers 1840 dans les ruines des thermes. On pouvait y lire : « Je remercie Evaux d’avoir soigné les maux de mes jambes »). Un aqueduc enterré l’alimente en eau potable depuis Reterre où il recueillait les sources de la Valazière. Son tracé, guidé par les courbes de niveau, fait de nombreux détours et sa longueur est estimée à 17 km. Sur cette distance, il passe de 580 m à 460 m, soit une dénivellation totale de 120 m. La Fontaine de Rentière (Rue de Rentière) est le réceptacle de cet ouvrage hydraulique d’exception.

Les Thermes (au même moment que la galerie) ont été détruits par un incendie vers la fin du 3e siècle, suivi d’un effondrement de la falaise qui a en partie recouvert le site. En partie reconstruits, ils sont définitivement abandonnés au 4e siècle, mais la ville continue de se développer.

Le Moyen-âge est une période clés de l’histoire de la ville d’Évaux-les-bains. Si l’époque gallo-romaine à permis la découverte des sources chaudes et l’implantation d’une cité, le Moyen-Âge donne à la ville son centre-bourg dense et une dimension dans le sacré.

L’église St-Pierre-et-St-Paul édifiée au XIème siècle, sur les reliques de l’ermite Saint-Marien, saint protecteur de la ville en est le témoin privilégié. L’édifice s’illustre par son clocher-porche unique dans toute la région Nouvelle-Aquitaine. En effet, l’édifice de cinq étages passe d’une base carrée à un sommet circulaire. Inscrite aux monuments historiques le 1er Octobre 1841, elle est partiellement détruite par un incendie en 1942. Aujourd’hui la collégiale demeure une fierté pour les habitants du village, au même titre que les thermes.

Au XIIIème siècle, la ville devient capitale de la Combraille, une région historique de la Marche.

Le bourg d’Evaux jusqu’à la renaissance était enclos d’une muraille doublée d’un fossé qui lui a permis de résister notamment aux troupes Anglaises du Prince Noir (Fils du Roi Edouard III), qui après la catastrophe de Poitiers en 1356, dévastèrent l’ensemble des régions qu’elles traversaient en remontant d’aquitaine. Cette efficace protection, totalement disparue permet de lire aujourd’hui cette période à travers la forme circulaire et dense que prend le bourg.

La renaissance marque le début du développement de la ville par la création de faubourgs (Faubourg Monneix, Faubourg Saint-Bonnet, Marché Vieux…).

L’activité thermale connait un renouveau vers la fin du XVIIème siècle par l’aménagement de bassins dans des caves. La station thermale à proprement dit prend son essor au début du XIXème siècle, dans un contexte de prise de conscience de la valeur thérapeutique des eaux. En 1831 est créée la « Société des Bains » qui marque l’impulsion d’une activité économique nouvelle pour la ville par la construction d’un établissement thermal digne de ce nom et quelques années plus tard d’un Grand Hôtel.

À partir de 1850, certains fidèles de la cure ont voulu leur propre pied à terre à Évaux. Ils se font alors construire des villas répondant aux codes esthétiques de l’architecture thermale, caractérisées notamment par l’utilisation de briques rouges et blanches, parfois jaunes, alternées en dessins géométriques. Peu à peu, le centre bourg jusqu’alors médiéval voit apparaître de grandes maisons polychromes, dotées de larges ouvertures aux formes diverses, accompagnées de balcons avec garde- corps en fer forgé ou en fonte ouvragés dans les styles Art Déco et Art Nouveau.

C’est à partir de 1885, avec l’inauguration de la voie ferrée et de la gare, que la cure thermale d’Évaux a connu ses heures de gloires avec l’arrivée du train et ses wagons de voyageurs souvent aisés, de l’aristocratie ou de la grande bourgeoisie parisienne. Afin d’accueillir, le flot de curistes sont construits de nombreux hôtels comme le Grand Hôtel de la Fontaine à l’entrée du vallon des thermes, un édifice à l’architecture caractéristique des stations thermales.

Par la suite peu de constructions en lien direct avec la station thermale viendront modifier le profil de la ville d’Évaux, si ce n’est en 1913 la construction à l’entrée Nord du Bourg du Casino. À l’inverse l’établissement thermale connaîtra de multiples modifications dans sa gestion, comme dans son architecture, entre rénovations et agrandissements. Depuis 1975, l’établissement thermal est propriété de la commune au travers d’une Société d’Économie Mixte (SEM).